Une nécropole unique en Sardaigne
La nécropole de tombes individuelles et la découverte extraordinaire des statues rendent le site du Mont’e Prama unique en son genre en Sardaigne ; elles permettent d’émettre l’hypothèse que les communautés tardo-nuragiques de la région du Sinis avaient développé un type de rituel funéraire pouvant être attribué à un processus de transformation sociale dans un sens noble, peut-être dans une certaine mesure aristocratique.
En raison de son caractère unique, étant à la fois un lieu de sépulture et un lieu de culte, l’hérôon proprement dit est, du point de vue architectural, composé d’une tombe et d’un temple.
Encore faut-il préciser que, si les heroa sont bien connus dans le monde grec, nous ne disposons à ce jour d’aucune information ou preuve de l’existence de heroa nuragiques.
On ne peut pas d’ailleurs parler de hérôon au sens strict au Mont’e Prama. Au stade actuel des recherches, aucun vestige architectural d’une structure cultuelle n’a été découvert, bien que certains de blocs de forme carrée mis au jour rendent plausible l’hypothèse de son existence dans la région.
Néanmoins, le Mont’e Prama est sans aucun doute une nécropole monumentale et ses statues reproduisent avec emphase les sujets auxquels la nécropole est dédiée, ou bien leurs ancêtres réels ou mythiques.
Les sculptures du Mont’e Prama sont donc l’œuvre d’une société radicalement différente de celle de l’âge du Bronze.
Pour la nouvelle société, l’époque lointaine des bâtisseurs de nuragues était un objet de vénération et de rappel identitaire.
Les individus déposés dans les tombes et les statues du Mont’e Prama sont donc des héros à comprendre comme les porteurs de valeurs, d’idéaux, de pouvoirs et d’identité d’un peuple et d’une civilisation qui, en définitive, projetaient sur eux le prestige d’un passé glorieux.
